Courrier des lecteurs
Un conte très librement inspiré de l’œuvre de Charles PERRAULT
Les deux gentils médecins et la méchante sage-femme
Il était une fois, dans une contrée retirée et montagneuse du royaume que l’on appelait Bugey, deux médecins comme il en existe peu, dévoués, proches du bon peuple, désintéressés… enfin pas trop tout de même, car ils avaient soin de conserver, au côté droit, une bourse toujours bien remplie.
Un jour, une sage-femme répondant aux vœux des médecins, vint s’installer auprès d’eux. Naïvement elle pensait que leurs métiers si différents mais complémentaires pourraient apporter une aide à la population, à ce petit peuple que les médecins affectionnaient tant, aussi, les médecins n’y virent que des avantages.
Très vite le bruit de son installation se répandit dans tout le pays et les belles dames et damoiselles affluèrent en nombre des quatre coins de la contrée, tant et si bien que, après seulement quelques mois de ses bons offices, six ou sept pas d’avantage, c’était déjà plus de trois cents d’entre elles qui lui avaient fait confiance.
Hélas, très vite les relations entre les trois personnages se dégradèrent. La méchante femme refusant de satisfaire aux exigences des deux gentils médecins à qui il fallait toujours plus de ducats dans leur bas de laine. Le climat lui devint vite insupportable et la dame, à contre cœur, décida de partir et cela en dépit des nombreux témoignages de satisfaction qui lui parvenaient de quatre lieues à la ronde.
En professionnelle consciencieuse, soucieuse du suivi de toutes ces femmes qui lui avaient fait confiance et consciente du manque que son départ allait occasionner, elle se fit un devoir de trouver une remplaçante ce qui fut fait promptement.
Comme il est d’usage dans ce métier, et ce ne sont pas les « bons docteurs » qui diront le contraire, elle négocia la reprise de son cabinet (reprise de son bail, de sa patientèle, revente de son matériel…)
Mais hélas c’était sans compter sur les gentils médecins et sur leur appétit toujours plus grand pour l’argent. Point d’argent, point de nouvelle sage-femme s’écrièrent t’ils. La remplaçante refusa elle aussi de verser des espèces sonnantes et trébuchantes dans les escarcelles de nos deux compères et elle s’enfuit en courant. Aux dires de ceux qui l’on rencontrée, elle courre encore et c’est ainsi qu’il n’y eut plus de sage-femme dans le beau pays de Bugey.